2026#3 - Avoir le courage de s’engager
- Jeremie Gaillard
- 10 avr.
- 3 min de lecture
Le courage en politique, en voilà un vaste sujet qui mériterait à lui seul un long ouvrage.
Cette notion se retrouve au croisement de nombreuses thématiques de la démocratie. En manquer peut notamment expliquer les errements d’une partie de notre classe dirigeante, ainsi que notre incapacité à mettre en œuvre les changements nécessaires pour répondre aux défis contemporains.
Se présenter pour une élection en demande nécessairement, tant le statut d’élu s’accompagne inévitablement de sacrifices qui en réclame. La critique sera toujours une caractérisation de l’action de ceux qui font, essayent de faire ou s’engagent, mais il faudra toujours leur reconnaître le courage de leur engagement.
Le courage peut prendre différentes formes. Il y aura celui de se lancer dans le grand bain du débat contradictoire, de découvrir les affres de l’exposition publique, celui d’affronter des situations compliquées, de faire des choix difficiles, celui de devoir dire non, celui de se lancer dans de durs combats.
Le courage, dans une élection, c’est également savoir sortir de cette fâcheuse tendance qu’ont certains dirigeants de proposer des programmes pré fabriqués qui se contentent de décliner sans sel et sans piment de grands et bons sentiments. Avec d’idylliques visions qui visent à « rendre notre ville plus solidaire », « donner sa place à chacun », « construire la commune de demain » …, sans jamais donner en suivant la moindre mesure concrète permettant d’expliquer le mode d’emploi pour y parvenir, ces programmes ne sont que des coquilles vides qui souvent font le lit de la déception citoyenne et de la défiance grandissante à l’égard des élus.
Se présenter à une élection doit s’accompagner de courage. Et proposer un programme doit s’inscrire dans cette veine. Il faut savoir prendre le risque de dire ce qui va être fait. Se mettre face à ces responsabilités est un impératif important pour notre démocratie afin de ne pas tomber dans la facilité et réduire ses obligations face à la population qui nous a élu. Il n’est pas question de se mettre une pression constante, ou de surcharger la barque, mais il est important d’être à la hauteur de la tâche.
Cette franchise exige un important travail de préparation, notamment pour connaître l’ampleur des moyens budgétaires et humains disponibles et ainsi mettre en face un programme d’actions réalisables, tant sur le plan financier que sur la capacité de les absorber dans une charge de travail. Mais c’est le moindre qu’on puisse faire pour légitimer l’ambition d’occuper un des fauteuils du conseil municipal.
Cette franchise et cette préparation nécessitent un investissement intellectuel au service de valeurs, d’une vision et d’une philosophie.
Rendre concret le programme présenté aux électeurs est d’ailleurs la meilleure manière d’espérer gagner une élection. Pour exemple, une manière de faire, que j’ai connu dans une très grande ville avec laquelle j’ai longtemps travaillé, consistait à proposer un programme personnalisé par quartier, et presque par rue. Chaque habitant recevait ainsi dans sa boite aux lettres une profession de foi qui expliquait : dans telle rue, nous ferons ceci. Dans telle autre, nous ferons cela. Nous rénoverons ce bâtiment et créerons un parc à cet endroit. Des aménagements de sécurité seront installés dans tel autre.
Cela n’empêche pas de se garder une marge pour l’imprévu ou l’opportunisme, mais ce risque calculé favorisera clairement l’adhésion des habitants qui peuvent alors se projeter sur l’apport concret de votre programme. C’est aussi créer chez d’autres le sentiment qu’ils obtiendront peu, ou moins que leurs voisins, et l’intérêt de cette logique réside donc dans la réflexion qui l’alimente par une articulation du programme proposé sur l’ensemble du territoire communal.
L’équité : oui. L’égalitarisme : non.
Alors lancez-vous. A cœur vaillant, rien d’impossible !

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