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#1 - A celui ou celle qui aura la plus grosse …

Photo du rédacteur: Jeremie GaillardJeremie Gaillard

Dernière mise à jour : 1 nov. 2021

Bernard V., maire de …, 400 habitants


Daniel T., maire de …, 3 200 habitants


Jérémie G., maire de …, 1 200 habitants


Sophie B., maire de …, 700 habitants



L’immuable tour de table qui précède nombre de réunions ou formations entre élus met en exergue ce qui est l’une des principales jauges de comparaison entre élus.


Dans celle-ci, le premier élément de jugement de votre qualité de maire réside dans le volume de population que vous représentez. Il n’est pas le seul, heureusement, mais il semble tout de même être le principal, avec cette équation assez primaire : plus vous administrez une grande ville, plus vous apparaissez comme compétent, pour ne pas dire digne d’intérêt.


D’ailleurs, ce réflexe cognitif n’est pas l’apanage des élus. Vous le retrouvez dans la réaction des inconnus que vous croisez dans les diverses occasions de la vie, et qui après vous avoir demandé ce que vous faîtes dans la vie, font suivre votre réponse d’une seconde interrogation sur le nombre d’habitants de votre commune. Plus le chiffre répondu est élevé, plus la mimique qui s’en suit est expressive.


De prime abord, la logique psychologique de ce raisonnement peut pleinement se comprendre. Les périmètres d’intervention vont de pair avec la taille de la commune. Vous avez assurément davantage d’opportunités de démontrer des compétences en matière de développement économique, de stratégie budgétaire, ou bien encore d’urbanisme, dans une ville où l’unité de mesure est le millier ou la dizaine de milliers.


Néanmoins, et sans doute est-ce par ce que je suis du mauvais côté que je porte ce jugement, il y a quelque chose de particulièrement désagréable, pour ne dire d’injuste, de caractériser votre compétence générale de maire plus à ce que vous représentez qu’à ce que vous faîtes.


Pour faire un parallèle (justifié ?), cela revient un peu à être soumis au même système de notation des joueurs de football que dans le jeu FIFA. Un joueur d’une équipe de milieu ou bas de tableau ne fera jamais partie des joueurs les mieux notés, même excellent. Il doit allier à son niveau de jeu le prestige de son équipe d’appartenance pour y parvenir. Différence importante néanmoins : il n’y a pas de mercato pour les maires, et vous restez tributaire d’une décision de vie qui n’a strictement rien à voir avec vos aptitudes, à savoir le lieu où vous avez choisi de vivre.


Je sais bien dans quel monde j’interagis, je n’ai pas la naïveté d’être totalement surpris par cela, mais la difficulté à faire prévaloir la méritocratie de la besogne à la politique du nombre est une barrière qui, au-delà de la simple question d’égo, peut parfois entraver les projets portés pour les habitants et les territoires représentés.


Car cette visualisation de nos actes au travers du prisme prioritaire d’une prétendue légitimité plus forte (car assise sur un nombre d’électeurs plus important) agit aussi sur les partenaires institutionnels dont les élus ont tellement besoin pour mener à bien l’action communale, que ce soit dans les nécessités de subventions, la couverture médiatique des combats menés ou les demandes liées à une compétence gérée à un niveau supra. Dans certains domaines, ce que vous obtenez presque naturellement quand vous êtes élu d’une grande ville demande au contraire des efforts quand vous êtes maire d’une plus petite.


Pour autant, au-delà de la vision du maire de « petite » commune que je suis, cette obligation de simplifier l’image du maire par ce biais est aussi, à l’inverse, potentiellement néfaste pour les maires de communes plus importantes. Quand le premier est souvent vu comme un maire de proximité et d’écoute, désintéressé, son homologue des collectivités plus vastes peut subir l’opinion plus dure de ceux qui l’imagine déconnecté de sa population, enclin au carriérisme et au clientélisme, de ceux qui privilégient leur intérêt personnel à l’intérêt collectif.


Je suis élu depuis peu, mais j’ai rencontré d’excellents homologues dans des plus petites communes que la mienne, opérant des stratégies de développement urbain ambitieuses et novatrices, montant des dossiers particulièrement complexes, possédant une vision sur leurs quelques hectares que beaucoup pourraient leur envier. J’ai aussi croisé des élus de grandes collectivités avec un sens du détail, une simplicité, une éthique, une proximité à leur population et un dévouement difficile à concurrencer.


De tout cela, finalement, il convient de retenir, en reprenant le titre volontairement provocateur et accrocheur de ce premier article, que comme pour beaucoup de choses dans la vie, pour juger de la qualité d'un homme ou d'une femme, ce n’est pas forcément la taille qui compte …




 
 
 

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